Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et du Développement Rural |
a. De nombreuses expériences mettant en oeuvre des successions culturales simplifiées, par exemple des successions betterave - céréale ou céréale - céréale se sont soldées après peu d'années par des chutes de rendement que l'on attribue tantôt à un épuisement chimique du sol, tantôt à une déviation de ses propriétés biologiques (fatigue du sol) ou physiques (régression structurale). L'analyse des résultats oblige néanmoins à conclure que l'obstacle principal aux successions simplifiées est d'ordre phytopathologique (multiplication des maladies ou des ravageurs) et phytosociologiques (multiplication des mauvaises herbes), qu'un recours aux biocides agricoles permet de ne maîtriser que temporairement.
b. L'abandon des fumures organiques et des engrais verts ainsi que certaines pratiques telle que le brûlage des pailles et des éteules, qui caractérisent l'agriculture des exploitations sans bétail, ont pour conséquence de diminuer à moyen terme la teneur en matière organique dans les sols. On a cependant constaté que cette teneur se stabilise à la longue, grâce aux apports radiculaires et aux débris végétaux abandonnés sur le sol. Dans les terres de texture idéale (limons), il n'apparaît pas que cette régression de la matière organique affecte de façon significative la qualité structurale des sols, même après une dizaine d'années. En effet, les méthodes actuelles d'évaluation de l'état structural n'indiquent pas une détérioration perceptible, même quand les rendements diminuent effectivement pour d'autres raisons (maladies cryptogamiques, concurrence des mauvaises herbes). Néanmoins, les sols sablonneux et les sols lourds et argileux paraissent à priori plus sensibles à une diminution du taux de matière organique et doivent être davantage surveillés à cet égard.
c. L'abandon ou la réduction des fumures et amendements organiques diminua également la stabilité des grumeaux dans la couche arable. Cette modification sensibilise la surface du sol au ruissellement, au glaçage et à l'érosion pluviale en nappe. Des essais ont toutefois montré que la stabilité des grumeaux peut être récupérée par une seule culture améliorante de légumineuses. D'où l'importance d'une insertion périodique des sols de légumineuses dans les nouvelles sucessions culturales, afin d'augmenter la résistance du sol à l'érosion.
d. Il serait du reste exagéré de ne prêter à la matière organique du sol qu'une fonction structurale. Elle intervient également comme source d'éléments nutritifs, qu'elle libère en se minéralisant, et comme source de facteurs biotiques de croissance, qui sont élaborés par les populations bactériennes dont elle conditionne directement l'activité. Cette dernière fonction ne paraît pas négligeable à l'égard de certaines cultures (plantes à tubercules, plantes-racines). Tous les agronomes s'accordent d'ailleurs à reconnaître que la conservation d'un taux optimum de matière organique dans les sols est l'objectif même des rotations agricoles et que les systèmes culturaux, qui seraient moins conservateurs à cet égard, doivent faire l'objet d'une surveillance à long terme.