Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et du Développement Rural
Eléments techniques de l'élevage du mouton Djallonké
Eléments techniques de l'élevage du mouton Djallonké

Les éléments techniques de l'élevage du mouton djallonké portent essentiellement sur l'habitat, les équipements, l'alimentation, la santé et la reproduction


2-1 Habitat

L’habitat est la première étape dans l’amélioration de l’élevage traditionnel, pour éviter le vol, son implantation doit se faire à côté du logement du berger. La bergerie est nécessaire pour les animaux afin d’éviter la divagation et de les protéger contre les intempéries (pluie, froid, chaleur, soleil et vent).

Sa mise en place facilite la distribution des compléments alimentaires et de l’eau potable, les manipulations diverses et le contrôle des effectifs.

Pour l’implantation de l’habitat du mouton Djallonké, il faut :

  • trouver un domaine proche d’une zone de pâturage suffisante ;
  • choisir un emplacement où le sol est en légère pente et bien drainé pour éviter la stagnation de l’eau ;
  • placer le parc à côté de l’habitation ou prévoir un logement du berger non loin du parc pour une meilleure surveillance ;
  • éviter les terrains argileux, limoneux facilement inondables et les terrains accidentés et rocheux.

L’habitat peut être construit avec divers matériaux selon les moyens de l’éleveur : matériaux locaux (bambous, bois résistants comme le teck, paille, terre battue) ou de préférence avec du ciment (poteaux armés), couvert de tôle et clôturé avec du grillage soutenu par des poteaux galvanisés. Les dimensions à donner à l’ensemble de la bergerie doivent tenir compte de l’effectif de croisière des reproductrices (effectif maximal des brebis).

Elle doit comporter trois compartiments :

  • l’abri : il permet de protéger les animaux contre les intempéries, et contient les équipements tels que les abreuvoirs et les mangeoires. La pierre à lécher est suspendue sous l’abri ; Il doit être dimensionné de façon à avoir 2 m² pour 3 brebis suitées. Il ne faut pas cimenter l’abri, il faut le damer avec de la latérite pour faciliter l’infiltration des urines et le balayage. Pour une bonne aération, il faut préférer un abri sans muret. Les odeurs ammoniacales y sont facilement éliminées ;
  • le parc de contention : il est placé au niveau de la porte de sortie des animaux. Il facilite le tri des animaux, le contrôle des effectifs, les contentions et les traitements vétérinaires comme le déparasitage interne du troupeau. Il doit respecter les dimensions de 1m² pour 3 brebis suitées ;
  • la cour ou le parc : Il renferme l’abri et le parc de contention et sert de repos pour les animaux; l’aire de l’ensemble du parc est en fonction de l’effectif des brebis. Il faut 2,5 à 3 m² pour une brebis suitée.

Les poteaux doivent être implantés à une profondeur de 40 à 50 cm et séparés les uns des autres de 2 m pour la clôture de la cour et de 1,5 m au niveau du parc de contention.

A l’entrée de la bergerie est construit un pédiluve pour permettre de lutter contre les tiques surtout Amblyomma variegatum adulte.

- fosse fumière : Il faut aussi prévoir une fosse fumière dans laquelle seront déversées les poudrettes des animaux dégagées des bergeries lors des balayages

 

Figure 4 : Plan de bergerie

2-2 Equipements

Tableau 2 : Normes indicatives pour les équipements.

No.

Désignation

Spécification

1

Mangeoire

15 cm/brebis

2

Abreuvoir

3,5l/brebis

3

Râteliers

2 m

   

Figure 5 : Dimensions d’une mangeoire (a) et d’un abreuvoir (b)

  • Autres équipements

Bottes, pelles, brouettes, raglans.

2-3 Alimentation

L’aliment de base du mouton Djallonké est le fourrage (herbes et feuilles des arbustes) des pâturages. L’éleveur doit disposer d’un pâturage dont la qualité du fourrage peut être améliorée par l’introduction de graminée comme le Panicum maximum var C1 et des légumineuses fourragères comme le Leucaena et le Gliricidia. Pour une exploitation durable des pâturages, il est recommandé de ne pas dépasser 6 brebis suitées (brebis et tous ses produits) à l’hectare.

Le mouton Djallonké a besoin d’environ huit heures de pâturage par jour avec un temps de repos de préférence à midi pour lui permettre de s’abreuver. Le respect du temps de pâturage (8 heures par jour) sur de bonnes parcelles fourragères lui permet d’avoir une bonne croissance, une bonne santé et une bonne productivité. La quantité d’aliments consommés par jour par un animal s’exprime généralement en quantité de matières sèches (MS). Elle s’accroît avec les besoins de production. Ainsi :

  • Un mouton adulte a besoin, pour son entretien, de 1,8 à 3 kg de MS pour 100 kg de poids pif (PV) soit 0, 7 à 1,2 kg de MS pour un mouton Djallonké de 40 kg ;
  • Une brebis gestante (pour les 6 dernières semaines) a besoin de 3 à 3,38 kg de MS pour 100 kg de PV ;
  • Une brebis allaitante a besoin de 4,4 à 6 kg de MS pour 100 kg de PV.

 

Figure 6 : Troupeau de moutons Djallonké au pâturage

Les moutons Djallonké ont besoin d’une complémentation aussi bien alimentaire que minérale au retour du pâturage pour couvrir leurs besoins.

Les compléments alimentaires en milieu paysan sont constitués des sous-produits de récolte ou de cuisine (fanes d’arachide et de niébé, paille de maïs ou de riz, épluchures de manioc ou d’igname, sons de bière locale). Certaines plantes fourragères (Leucaena et Gliricidia) sont aussi utilisées dans l’alimentation des petits ruminants souvent comme compléments alimentaires.

   

Figure 7 : Compléments alimentaires constitués d’épluchures de manioc (a) et de Leucaena  (b)

Les sous – produits agro – industriels tels que les graines de coton, le son cubé, la drêche de bière sont à privilégier dans les élevages de grande taille.

Les compléments alimentaires distribués aux animaux doivent être servis dans des mangeoires propres. La complémentation minérale est faite avec les blocs de pierre à lécher.

Il faut aussi assurer un abreuvement à volonté à chaque animal. L’eau doit être servie dans des abreuvoirs propres au parc. En saison pluvieuse, un ovin adulte a besoin de 1,5 litres d’eau par jour contre 3 litres au moins en saison sèche et chaude.

 

Figure 8 : Abreuvement au parc

Une bonne alimentation permet aux animaux d’être en bon état général et en bonne santé. Cependant certaines maladies peuvent subvenir au sein du troupeau quelle que soit la qualité de l’aliment.

2-4  Santé

Plusieurs maladies sont rencontrées chez les ovins et les caprins dans les élevages au Togo. On peut citer entre autres :

  • la Peste des Petits Ruminants : maladie contagieuse la plus meurtrière; elle semble être en recul au Togo depuis 2011 avec les campagnes de vaccination ;
  • la Clavelée du mouton : elle est très contagieuse. Les bovins peuvent héberger le virus responsable sans faire de maladie. Elle fait aujourd’hui un regain de terrain dans plusieurs élevages au Togo ; c’est la variole des ovins et caprins
  • l’Ecthyma : c’est une maladie contagieuse, souvent bénigne chez les agneaux.
  • la Kératoconjonctivite : plus rencontrée chez les caprins ;
  • les Piétins ou Boiteries : C’est une affection podale plus fréquente en saison des pluies. Elle peut être due à un virus (piétin), à des tiques ou des piquants (boiteries).
  • les Trypanosomoses (bien que le mouton Djallonké soit tolérant à cette maladie, des cas sont souvent rencontrés dans les élevages) ;
  • la Gale, la Pasteurellose, la Brucellose, le Charbon bactéridien, la Cowdriose, les Parasitoses internes sont aussi rencontrés (tableau 3).

 

 

 

Tableau 3 : Principales maladies des Petits Ruminants, symptômes et traitements

Maladies

Symptômes

Période

Traitement

Prévention

Peste des Petits Ruminants

Écoulements oculaires, nasaux et buccaux d’abord clair puis purulent ; difficultés respiratoires, avec toux ; plaies dans la bouche, de l’animal ; diarrhée parfois mêlée de sang ; Mortalité massive en quelque jours.

Toute l’année

Pas de traitement

Vaccination

Charbon Bactéridien

Mort subite ; écoulement du sang des orifices naturels (anus, nez, etc.) ; sang noir qui ne coagule pas ; rate volumineuse (deux fois son volume initial) et boueuse ; les mouches ne s’approchent pas des cadavres

En début des saisons des pluies

Antibiotiques

Vaccination

Piétin

Plaie au niveau des onglons ; boiterie ; Plaie au niveau des onglons ; boiterie ; Odeur nauséabonde ; amaigrissement ; Décollement de la couronne

En saison des pluies

Bain de bleu de méthylène, de permanganate ou de bétadine iodée dermique

Appliquer l’hygiène

Parasitoses Internes

Amaigrissement, anémié, diarrhée, signe de la bouteille (œdème) en dessous de la gorge (signe de la bouteille)

Surtout en saison des pluies

Déparasitage des animaux

Appliquer l’hygiène ; programme de déparasitage externe

Parasitoses externes

Présence de tiques, de puces et de poux sur l’animal ; 

Lésions de la peau ; 

Perte de poils et croûte ; Anémie ; L’animal se gratte

Plus en saison des pluies

Déparasitage externe des animaux surtout en saison des pluies

Appliquer l’hygiène ;

 Programme de déparasitage

Trypanosomose

Pertes d’appétit Fièvre en dents de scie Larmoiement Kératite bilatérale Amaigrissement et anémie Pica Poils piqués Avortement Mort

Toutes saisons

Trypanocides (Faire appel au vétérinaire)

Elevage des races trypanotolérantes Trypanocides en usage préventif chez les sujets sensibles

Lutte contre les mouches (piège à mouches, insecticide sur les animaux)

Cowdriose

Signes nerveux : l’animal tourne en cercle, tombe sur le côté, pédalage, convulsions

Difficultés respiratoires, diarrhée

 Mort foudroyante A l’ouverture du cadavre, gros cœur avec beaucoup d’eau dans le péricarde (autour du cœur)

En fin de saison des pluies et début saison sèche.

Antibiotique (faire appel au vétérinaire)

Déparasitage externe des animaux (lutte contre les tiques)

Pasteurollose

Fièvre,

Difficultés respiratoires, Toux Ecoulement nasal purulent

Cou gonflé

Diarrhée (surtout chez les jeunes)

En toute saison

Antibiotiques (faire appel au vétérinaire)

Isoler les animaux malades Vaccination

L’importance économique de certaines maladies ou l’impossibilité de leur traitement lorsqu’elles apparaissent obligent à faire recours aux mesures prophylactiques (tableau 4).

 

 

 

Tableau 4 : Prophylaxie médicale en vigueur dans les élevages semi-intensifs

Type d’intervention

Catégorie

Moment d’intervention

Vaccination contre la Peste des Petits Ruminants

Agneaux

Après sevrage à 90 jours d’âge

Déparasitages internes tactiques

Agneaux

1,5 et 3 mois d’âge

Déparasitages internes stratégiques

Adultes, Agneaux

Mai, août et octobre

Déparasitages externes

Adultes, Agneaux

Balnéation : 2 fois par mois en saison pluvieuse, une fois par mois en saison sèche

Passage dans le pédiluve : 4 jours par semaine toute l’année

 

2-5  Reproduction

La vitesse de croissance et le format commercial des animaux peuvent être améliorés et les mortalités réduites si l’éleveur respecte un certain nombre de principes.

  • Quelques dispositions à prendre :
  1. Ne pas garder le bélier reproducteur plus de 2 ans dans le même troupeau. On évitera ainsi les croisements consanguins entre le bélier et les antenaises qu’il a données ;
  2. Prévoir un enclot pour les jeunes mâles sevrés pour les empêcher de s’accoupler avec leurs sœurs (ce problème peut être résolu par des contrats avec des emboucheurs. Les jeunes femelles après sevrage peuvent rester dans le troupeau ;
  3. Reformer les femelles improductives ou âgées de plus de 8 ans et renforcer le noyau de femelles par des antenaises avant chaque accouplement organisé. Un taux de renforcement ou de remplacement de 10% ou (12%) de l’effectif des brebis permet de renouveler le noyau reproducteur tous les 10 ans ou (8 ans) ;
  4. Organiser les accouplements pour grouper les naissances et faciliter le suivi des agneaux.
  • Quelques paramètres de reproduction
  • Durée du cycle sexuel de la brebis Djallonké : 16 à 19 jours avec l’apparition des chaleurs vers le 4e jour ;
  • Durée de gestation : 150±4 jours ;
  • Sex-ratio (croisement) : 25 à 30 femelles par bélier pour une durée d’accouplement de 45 jours ;
  • Age à la première mise-bas : 15 mois avec des extrêmes de 11 à 18 mois ;
  • Intervalle entre deux mises-bas : 8 à 10 mois (9 mois en moyenne) ;
  • Taux de fertilité : 80 à 97 % (90 % en moyenne) ;
  • Taux de prolificité : 108 à 145 % (120 % en moyenne). Il peut être amélioré avec une alimentation adéquate ou quand les chaleurs sont induites suivies d’insémination artificielle ;
  • Poids moyen des agneaux à la naissance : 1,8 à 2,5 kg.